Pierre Rabhi Pensées de Pierre Pierre Rabhi a été tout au long de son existence un ardent et infatigable défenseur de la biodiversité, de l'agroécologie, de la beauté et de la vie sous toutes ses formes. Ecrivain, il a publié plus d'une vingtaine d'ouvrages, préfacé des dizaines de livres et écrits de nombreuses chroniques pour Psychologie Magazine ou Kaizen. Ses livres sont émaillés d’histoires vécues, d’exemples ou d’anecdotes dont certaines que vous pourrez retrouver ci-dessous. « Incarner l’utopie, c’est avant tout témoigner qu’un être différent est à construire, un être de conscience et de compassion, un être qui, avec son intelligence, son imagination et ses mains rende hommage à la vie dont il est l’expression la plus élaborée, la plus subtile et la plus responsable. » « La finalité humaine n’est pas de produire pour consommer, de consommer pour produire ou de tourner comme le rouage d’une machine infernale jusqu’à l’usure totale. Des milliards d’euros sont impuissants à nous donner la joie, ce bien immatériel que nous recherchons tous, consciemment ou non, car il représente le bien suprême : la pleine satisfaction d’exister. » "Depuis quarante-cinq ans j’ai engagé ma vie, avec le soutien et la connivence de Michèle et de notre famille, dans la voie de la sobriété. Je préfère par conséquent, plutôt que de me perdre dans des considérations ou des théories générales, témoigner des réflexions, des décisions, des initiatives que, chemin faisant, ce choix délibéré m’a inspirées. Ainsi, le principe “faire ce que l’on dit et dire ce que l’on fait” donnera un peu de cohérence et, je l’espère, de crédibilité à mon modeste témoignage. Celui-ci n’a d’autre ambition que de contribuer à une réflexion propre à éclairer des décisions qui ne pourront sans cesse être ajournées sans préjudice grave dans l’avenir immédiat, et plus encore à moyen et long terme. Cependant, quelle que soit la manière dont on aborde la modération en tant que nécessité incontournable, une certitude demeure : les limites qu’impose – par sa constitution même – la planète Terre rendent irréaliste et absurde le principe de croissance économique infinie. Irréaliste, si l’on applique les outils les plus élémentaires d’analyse, sur le plan tant physique que biologique, à l’organisation de la vie en tant que phénomène ; absurde, dès lors que l’on recourt à la simple logique d’une pensée libre de toute manipulation. Le système dominant, qui se targue de grandes performances, s’emploie surtout, en réalité, à dissimuler son inefficacité, qu’un simple bilan, notamment énergétique, mettrait en évidence. Cet examen révélerait également les contradictions internes d’un modèle qui ne peut produire sans détruire et porte donc en lui-même les germes de sa propre destruction. Le temps semble venu d’instaurer une politique de civilisation fondée sur la puissance de la sobriété. Un chantier exaltant s’ouvre, invitant chacune et chacun à atteindre la plus haute performance créatrice qui soit : satisfaire à nos besoins vitaux avec les moyens les plus simples et les plus sains. Cette option libératrice constitue un acte politique, un acte de résistance à ce qui, sous prétexte de progrès, ruine la planète en aliénant la personne humaine. Et c’est la beauté de la nature, de la vie, et de l’œuvre de l’homme dans sa dimension créatrice, qui devra nous inspirer tout au long des voies nouvelles que nous emprunterons." Avant-Propos Vers la Sobriété heureuse, Actes Sud, 2021.